ll y a les mots. De ceux qui cognent et qui grattent les coins de conscience. Léon croit fort en ces mots-là. Tant et si bien qu’il les clame, qu’il les chante, qu’il s’engage Léon, gorge et orgue mêlés, dans ces mots qui s’en viennent chatouiller les consciences. Pour créer ce moment de poésie Léon n’est pas seul. Il a d’abord son orgue, et la douceur de sa barbarie. Vous le sentez poindre, le léger contraste d’entendre, par-delà le velours du son qui tourne, les virgules aiguisées de textes qu’on dit beaux, précisément car ils cognent et qu’ils grattent ? Voilà, vous y êtes. Léon n’est pas non plus tout seul avec son orgue et les notes qui en jaillissent.
Il y a vous, qui chacun chacune additionnés d’humanités, formez ce qu’on nomme amoureusement le public. Un public a aussi des mots, plein, des poches jusqu’au cœur, et ça Léon aime bien. Voyez-vous, il est un crieur, Léon. Crier des choses de la vie aux gens de la vie, ça fait sens. Alors Léon invite le public à entrer dans son jeu, en cueillant à son tour parmi tous ces mots, ceux qui ricochent sur une idée proposée. Puis Léon les lit, les dit, partage la récolte en cajolant les ratures qui donnent du corps à la marge, et de l’écho aux murmures.
Et tandis que le public se balade entre écoute (ré)active et écriture participative, Léon déclame et chante, haut et fort, les mots des autres, ses mots à lui. Avec, en fil rouge sur ce temps qu’on voudra toujours un peu suspendre, une manivelle mélodique en guise de métronome pour mots qui comptent.
En deux temps mille mouvements, le bal littéraire de Léon vole dans les plumes des poésies quotidiennes, mouline les certitudes pour en extraire des fulgurances, drôles et piquantes, personnelles et collectives, à picorer sur le coin de table des grands moments.